Hibakushas - Article d’élèves les irradiés de Nagasaki et d’Hiroshima

(actualisé le ) par GUYETM Melanie, NASRII Imane

 

Hibakushas

les irradiés de Nagasaki et Hiroshima

La mutation est une modification au niveau de l’ADN, modifiant le programme génétique. Elle peut apporter un avantage tout comme un désavantage. On appelle agent mutagène tout facteur qui peut entraîner une mutation. Il peut s’agir d’un facteur de l’environnement (mutation spontanée), ou dans le cas d’une mutation induite, d’une réaction de l’organisme aux rayons X ou à des mutagènes chimiques. Si la mutation affecte les cellules somatiques, la descendance ne sera pas touchée, si elle touche les cellules germinales (gamètes) ou la cellule oeuf, il y aura transmission à la descendance.

Quelles sont les origines des souffrances des Hibakushas ?!?!

Les 6 et 9 août 1945 explosaient deux bombes atomiques au-dessus de Hiroshima et Nagasaki : « Little Boy » et « Fat man », qui causèrent plus de deux cent mille morts, soit sur-le-champ, soit dans les deux ou trois mois qui suivirent, souvent attribués à "la maladie des rayons".

De nombreuses vies furent littéralement réduites à néant par les radiations auxquelles elles ont été exposées. Quelques rares survivants, les Hibakushas (« irradiés » en japonais) subissent aujourd’hui encore les atroces effets secondaires de l’irradiation.

En effet, les bombes furent un agent mutagène au sein de l‘organisme des irradiés d’Hiroshima. On observe une mutation à différentes échelles : pour tous les types de rayonnements ionisants, l’irradiation affecte surtout le noyau de la cellule et particulièrement l’ADN. 

L’ADN est une des molécules les plus importantes pour les organismes vivants. En effet la molécule d’ADN contient les informations indispensables au fonctionnement et à la reproduction de l’organisme. Les rayons ionisants peuvent détruire les brins d’ADN soit directement sur la structure en double hélice, soit indirectement par la radiolyse de l’eau présente dans le noyau avec création de radicaux libres qui attaquent chimiquement l’ADN. Mais l’ADN est fragile et d’autres types d’agressions peuvent survenir notamment : les agressions thermiques, chimiques ou la lumière ultraviolette. Ainsi les lésions de l’ADN sont principalement de deux ordres :

  1. Soit des cassures des chaînes de l’ADN (un ou deux brins de la double hélice) provoquées par les chocs directs

  2. Soit des dégradations ou disparitions de bases disposées le long de ses brins par l’action des radicaux libres.

     

Seules les cassures double brin sont spécifiques des rayonnements ionisants.

Les cellules possèdent des mécanismes puissants de réparation de l’ADN. En cas de cassure au niveau des brins, les réparations sont extrêmement rapides et fiables. (A titre d’exemple, une cellule subit en moyenne 150000 cassures par jour).

La réponse de l’organisme est très efficace contre les destructions de l’ADN. Par contre lors de cassure double brin, la réparation est beaucoup plus lente et difficile (par manque du modèle intact). L’issue la plus fréquente est la réparation fidèle et la survie de la cellule mais dans le cas contraire, l’échec de la réparation entraîne la mort de la cellule ou nécrose. Dans certains cas, bien plus rares, les réparations fautives peuvent ne pas entraîner la mort de la cellule mais entraîne la mutation de la cellule. Si le système immunitaire ne détecte pas la cellule mutante alors la molécule mutante reste dans l’organisme sans qu’il n’y ait encore d’effets notables sur l’organisme.

Lorsque les rayons sont en fortes quantités, comme à Hiroshima, le système est dépassé par le nombre de cellules affectées par les rayons ionisants. Il peut alors se produire des lésions directement visibles :

  • les effets déterministes = la mort massive de cellules qui peut affecter les tissus et déclencher des troubles tissulaires ( lésions cutanées, rougeurs…)

  • les effets probabilistes = la mutation des cellules en cellules cancéreuses qui prolifèrent sans contrôle dans l’organisme ( cancer de la peau, du poumon et des os …) souvent effets secondaires a long terme.

Le degrés de conséquence des radiations varient selon la place de la personne par rapport à l’épicentre : plus on est proche de l’épicentre moins on a de chance de survivre au choc…

L´irradiation est accompagnée de divers effets secondaires comme l´affaiblissement du système immunitaire, la perte de cheveux, les hémorragies sous-cutanées etc., mais les plus importants restent les cancers et les leucémies. Très vite, un grand nombre de rescapés présentent les symptômes aigus de l’irradiation : perte de cheveux, saignement des gencives ou diarrhées. D’autres vomissent du sang.

Au début dès années 1960, la fréquence des cancers commence à augmenter avec en particulier les leucémies, les cancers de la thyroïde, du poumon, de la poitrine, et ceux des glandes salivaires. Nous n’avons pu recueillir que de très rares témoignages de la part des hibakushas, qui pour survivre ont du se cacher aux yeux de la société par crainte du regard des autres (Hiroko Hatakeyama confie en pleurant : « Parce que vous êtes étranger, je vais vous révéler quelque chose que je n’ai jamais dit à personne au Japon : ma fille vient d’accoucher d’un enfant à 6 doigts. Est-ce dû aux radiations que j’ai reçues il y a soixante ans ? Je ne peux m’empêcher de le penser et de m’en sentir coupable. » ; « Il y a dix ans, j’ai perdu tous mes cheveux et mes poils, raconte la peintre Junko Kayashige, irradiée à l’âge de 5 ans. Je ne pouvais plus marcher ni parler. D’après les médecins, c’était l’effet des radiations sur mes hormones. » ).

Non, Hiroshima n’en a pas encore fini avec la bombe.


—> Perte de cheveux après une exposition aux radiations à Hiroshima <—

La fillette de 11 ans se trouvait au deuxième étage d’une maison en bois à environ 2 km de l’hypocentre. Aucune brûlure grâce à la protection offerte par les murs mais après une semaine, la perte des cheveux commença, suivie de fièvre, perte d’appétit et hémorragies des gencives. Lors de la photo, elle se rétablissait progressivement.


—> Un soldat juste avant de mourir <—

cheveux tombés, hémorragie interne. 1 km de l’épicentre
fin août 1945 / Photo by Gonichi Kimura

Les rescapés de « Little Boy » et de « Fat Man » ont longtemps été exclus de la société japonaise de part leurs physique et par la la phobie d’une transmission des cellules mutantes à leur descendance. Les victimes ont subis une exclusion si intense qu’elles ne recevaient aucune aide médicale pour apaiser leur souffrance : elles ont du attendre plus de 50 ans pour enfin assister à l’ouverture du premier hôpital réservé aux soins des irradiées.