Sortie Napoléon – Premières générales [Attention spoil !]

(actualisé le ) par Constance Anschutz

Ce mercredi 20 décembre 2023, l’ensemble des classes de Première générale ont assisté à la projection du film Napoléon de Ridley Scott, sorti un mois plus tôt, au cinéma Utopia à St-Ouen l’Aumône.

Accompagnés par Mme Soubrier, Mme Thomas, Mme Anschutz, Mme Richard et Mr Marty, les élèves ont pu suivre la carrière de Napoléon, depuis la chute de la monarchie (le film commence par la décapitation de Marie-Antoinette, femme de Louis XVI) jusqu’à sa propre chute, exilé définitivement sur l’île de Sainte-Hélène (le film se termine avec son décès). Il s’agissait ainsi d’analyser comment Napoléon Bonaparte est devenu Napoléon Ier ainsi que le côté stratège du personnage.
En tant que production hollywoodienne, les scènes les plus longues sont celles relevant évidemment de l’action, des épisodes marquants de la vie de Napoléon tels que son coup d’Etat, son sacre, ses batailles... Le film met en avant son génie militaire ainsi que la diversité des troupes : l’infanterie légère, l’artillerie, la cavalerie, les archers. Il est intéressant de voir comment celles-ci étudient et occupent l’espace dans le film, que cela soit sur les terres russes gelées ou bien dans la plaine boueuse de Waterloo (Waterloo ! Morne plaine ! écrivait alors Victor Hugo), en lien avec ce que les élèves étudient en HGGSP (l’art de faire la guerre). L’accent est mis aussi sur de somptueux décors et costumes d’époque, la présence forte de l’armée en tant que principal soutien de Napoléon, la tourmente du personnage à ne pas avoir d’héritier(s).

Le film a globalement plu à la majorité des élèves où l’on retrouve de nombreux épisodes historiques :
 La décapitation de la reine sur fond de chants révolutionnaires à l’instar de La Carmagnole et Ah ! ça ira (interprétée par Edith Piaf dans le film)
 Le coup d’Etat de Bonaparte
 Le couronnement de l’empereur
 Sa venue en Egypte et en Russie
 Le récit de la bataille d’Austerlitz et de Waterloo ; notons que l’une des premières scènes d’action dans le film est la reprise de Toulon aux Anglais, marquant la montée en grade du personnage principal
 L’épisode des Cent jours
 Le Congrès de Vienne

Cependant, nous pouvons aussi relever plusieurs critiques avec les élèves :
 Le film est centré sur la carrière militaire de Napoléon ; son œuvre administrative (vue en classe) est omise où l’on doit pourtant à Napoléon le code civil, la création de la légion d’honneur, de la Banque de France, le rétablissement de l’esclavage dans les colonies, la création des lycées et de l’Université impériale…
 L’échiquier napoléonien en Europe (le fait que Napoléon place ses frères et sœurs à la tête de différents Etats) n’est également pas visible
 La place des femmes (en tant qu’amours de Napoléon) est très présente comme si ce dernier devait son ascension à ces dernières
 Maximilien de Robespierre ne parvient pas à se suicider avec un pistolet dans le film alors qu’il se prend une balle perdue selon les témoignages historiques
 Marie-Antoinette est guillotinée alors que ses cheveux ne sont pas coupés
 La présence de la mère de Napoléon lors du couronnement alors qu’elle n’était pas présente
 Napoléon n’a jamais tiré sur des pyramides, aucune allusion n’est faite également à Champollion à qui l’on doit pourtant le déchiffrage des hiéroglyphes
 La représentation du château de Rueil-Malmaison
 L’âge de Joaquim Phénix dans l’interprétation du personnage

Si le film est une production hollywoodienne et les acteurs sont anglo-américains, celui-ci s’apparente bel et bien à un hommage à Napoléon Bonaparte, à son œuvre politique et militaire ainsi qu’à ses choix (parfois difficiles) lui ayant permis de marquer l’Europe de son temps et ce, malgré la liberté prise par le réalisateur vis-à-vis de la réalité historique. Ce film participe ainsi aux représentations et aux imaginaires autour de ce personnage tourmenté et ambitieux dont l’erreur fut sans doute d’avoir voulu conquérir et contrôler toute l’Europe. Le groupe ABBA nous rappelle bien ceci à travers sa chanson Waterloo, petit clin-d ’œil à cette cuisante défaite française en Belgique en juin 1815, marquant la fin de l’épopée napoléonienne.